Aujourd’hui, premier jour du mois de Ramadan de l’année 1441 de l’Hégire. Ce mois sacré est plus qu’une fête. C’est un état d’esprit où enthousiasme et entrain se côtoient. Mois d’abstinence certes, mais aussi de nourriture spirituelle, de convivialité, de solidarité et de chaleur familiale. Cette année, sous les effets d’un confinement inévitable, les Tunisiens vont aborder un mois de Ramadan des plus particuliers. Le mois saint sera ainsi vécu sous les restrictions du confinement qui bouleversera les comportements et les attitudes.
Une fois n’est pas coutume. Cette année sera exceptionnelle: pas de veillées familiales et amicales, ni de festivals d’extravagances artistiques, ni de causeries religieuses… Ramadan perd hélas, pour une fois, ses spécificités, ses traditions d’une extrême rigueur que les Tunisiens entretiennent et cultivent depuis bien longtemps.
Ce mois cher à tous les musulmans ne s’annonce pas, malheureusement, favorable au respect de ces traditions. Nous n’avons d’autre choix que de nous conformer au principe de précaution, car la pandémie demeure toujours menaçante.
C’est un mois décisif quant à l’évolution de la pandémie. Si nous nous engageons tous pour le respect des mesures de confinement durant le mois béni, nous arriverons à endiguer sa propagation. Nos concitoyens doivent prendre leurs dispositions pour s’adapter à une vie quotidienne casanière. Bien que la pandémie du coronavirus continue de sévir dans le monde, les Tunisiens, à l’instar de tous les musulmans du monde, se trouvent dans l’obligation de s’adapter à ce contexte sanitaire exceptionnel et vivre un mois sacré unique en son genre.
Une éventualité à laquelle il fallait s’y attendre du fait que le maintien des mesures de sécurité et de prévention était tout autant prévisible. De prime abord, les pouvoirs publics rassurent sur les disponibilités des denrées alimentaires et ont pris les devants pour alimenter les points de vente en produits de large consommation, en maintenant des prix abordables, c’est du moins ce qui ressort des propos du chef du gouvernement lors de son interview télévisée diffusée récemment.
Par ailleurs, c’est un réel déchirement sociétal qui s’annonce dans la mesure où l’urgence se situe dans le combat contre l’épidémie pour préserver la santé des citoyens et contenir la propagation du virus. D’autre part, il s’agit également de contenir tous les problèmes qui en découlent, à savoir maintenir un train de vie décent pour tous les citoyens et éviter de plonger l’économie nationale dans une situation de non-retour, qui ne permettrait aucune chance de relance après le passage de la crise.
A ce titre, le fond du problème réside dans le non-respect du confinement, du fait qu’au mois du Ramadan, les Tunisiens conservent leurs habitudes et coutumes, à savoir les sorties, les visites familiales, les soirées et un engouement pour les marchés et les grandes surfaces. Une situation qui requiert plus de responsabilité de la part des citoyens, et certainement plus d’alternatives et de solutions de la part des pouvoirs publics.
C’est dire que, bien avant le mois sacré, les Tunisiens avaient déjà un comportement particulier. Dans les marchés municipaux et devant les étals anarchiques, les gens continuent à s’agglutiner faisant fi de toutes les mesures et barrières édictées par les autorités sanitaires. Et il est fort improbable de les voir se départir de leurs habitudes comportementales durant le mois de Ramadan, souvent marqué par une forte affluence dans ces espaces publics.
Les appels de responsabilisation s’intensifient de plus en plus face aux dépassements, aux négligences et au non-respect des règles préventives fixées en matière de confinement, de distanciation sociale et des mesures d’hygiène qui demeurent dans la situation actuelle les seules barrières de prévention à même de stopper la propagation du coronavirus.
Dans la même lignée, l’OMS, et afin de faire respecter les mesures de distanciation physique, a appelé à l’annulation des rassemblements religieux, estimant que les décisions doivent faire partie d’une approche globale engagée par les autorités nationales en collaboration avec les responsables religieux, afin d’informer la population musulmane de toute décision susceptible d’affecter les événements liés au Ramadan.
De même, le Mufti de la République, Othman Batikh, a émis également, lors de son allocution télévisée avant-hier, des recommandations sur le mois de Ramadan, insistant sur la conciliation des mesures de confinement avec les consignes sanitaires. Il a appelé les Tunisiens à accomplir les prières obligatoires et celle de tarawih qui fait partie de la Sunna chez eux.
Volet approvisionnement des marchés en denrées alimentaires, tous les produits agricoles sont disponibles en quantités suffisantes pour répondre à la demande des consommateurs, et ce, en dépit de la situation sanitaire difficile que vit le pays, c’est ce que le ministre du Commerce, Mohamed Msilini, a indiqué récemment. Ainsi, les marchés et les commerces seront approvisionnés en produits alimentaires (légumes, fruits, et viandes) de manière normale, durant le mois de ramadan. Le ministère de tutelle dispose d’un stock suffisant de produits de consommation de base, sachant que les prévisions tablent sur une baisse de l’offre durant la période d’intersaison, qui contribuera automatiquement à la hausse des prix.
En somme, avec ce confinement, il faut fêter avec ferveur renouvelée ce mois béni et s’adonner à cœur joie à tout ce qui est festif et cérémonial, même si nous avons ce pincement au cœur et ce sentiment que les temps ont changé.